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Philippe Besson

Philippe Besson

Un soir d’été (Julliard)

Dans les années 80, au milieu d’un été caniculaire, un drame inexplicable foudroie l’insouciance de six jeunes gens, violemment précipités dans l’âge adulte. Inspiré d’une histoire vécue, ce nouveau roman de Philippe Besson renoue avec la veine autofictionnelle d’« Arrête avec tes mensonges ».

Été 1985, sur l’île de Ré. Ils sont six, tout juste majeurs ou presque, avec l’avenir devant eux. Le narrateur, Philippe, se destine à quitter sa ville natale pour faire de longues études ; il passe ses vacances chez François, son ami d’enfance, dont le père possède une boucherie ambulante sur la place du marché ; leur copain Christophe, fils de pêcheur, est une grande-gueule au coeur d’or ; Nicolas, garçon magnétique et insaisissable, vient d’emménager sur l’île avec sa mère ; et enfin, Alice et son frère Marc, deux Parisiens en vacances, se greffent à la bande.
Entre oisiveté sur la plage et déambulations nocturnes, le petit groupe devient inséparable. Mais, tandis que Philippe se rapproche de Marc, François tombe amoureux d’Alice, qui n’a d’yeux que pour Nicolas. Comme chaque année, ils attendent fébrilement la fête du 14 Juillet, son feu d’artifice, son bal, ses pintes de bières et ses tubes ringards sur lesquels ils danseront de bonne grâce. Aucun d’eux ne soupçonne le drame
qu’ils vont devoir affronter, un événement qui sonnera brutalement la fin de leur innocence.

À travers le récit d’un épisode de sa jeunesse, Philippe Besson nous livre la chronique d’un été de tous les possibles, celui du permis de conduire et des premières virées en voiture, des soirées en boîte, de Subway et de « Marcia Baila », des retrouvailles et des coups de foudre, des désirs qui s’affirment, des corps qui se cherchent et se trouvent. Avec un sens aigu du détail et une sensibilité exacerbée, Philippe Besson reconstitue ce dernier été d’insouciance, avant les choix qui détermineront l’avenir de chacun, ce moment suspendu où les liens de l’enfance n’ont pas été dénoués, où les classes sociales se mélangent sans préjugés, où l’amitié prévaut sur toute autre considération.

Ceci n’est pas un fait divers (Julliard)

Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. »
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

C’est un roman important que nous livre ici Philippe Besson. Important parce que ce sujet si fort est tristement d’actualité : le féminicide. Mais c’est d’abord l’histoire des victimes invisibles que sont les enfants.

En mai, depuis le début de l’année 2023, on comptait déjà 47 féminicides. 47 femmes mortes sous les coups de leur conjoint. La presse en parle, la télévision organise des débats, des lois sont votées, mais, au fond, rien ne change. Ces chiffres implacables ne racontent rien de l’entourage des victimes, ceux qui vivent ces crimes dans leur chair. Le romancier Philippe Besson témoigne à travers cet ouvrage de la tragédie des enfants, ces orphelins qui doivent se reconstruire après un traumatisme innommable, car non, il n’y a pas de mots pour dire un tel cauchemar.

Le narrateur a 19 ans quand il reçoit un appel de sa petite sœur, Léa, 13 ans. En une seule phrase : « Papa vient de tuer Maman », ce sont d’autres vies qui s’effondrent. Vient alors la culpabilité, celle de n’avoir rien vu venir, d’avoir balayé d’un revers de main ce qui était sous leurs yeux, ces petits détails qui en disaient pourtant long. Le sourire d’une mère qui s’éteint, le souvenir d’une femme élégante et vive qui, soudain, semble se noyer. Le père était violent, le père était jaloux, le père emprisonnait sa femme dans une cage de plus en plus étroite pour l’avoir tout à lui. Mais comment se douter du drame à venir ? Leur fils était parti loin, poursuivre sa carrière à l’Opéra de Paris. Il faut maintenant accepter l’idée qu’il n’a pas su, pas pu protéger sa mère et sa petite sœur. Et l’adolescente pourra-t-elle un jour se remettre de ce qu’elle a vu ?

Le romancier entre dans la peau de ce grand frère déboussolé, obligé de se tenir droit, de tout lâcher pour mieux tenir la main de Léa. Et c’est ce qui fait toute la délicatesse de ce récit : l’entraide entre ce frère et cette sœur, leur manière de se protéger l’un l’autre, de ne pas trop en dire de peur de faire souffrir. C’est d’abord ce lien fraternel, cette relation pas comme les autres, indestructible, entre ces deux personnages qui bouleverse et impressionne : un gamin de 19 ans, obligé de grandir d’un coup, de quitter toute forme d’insouciance, d’oublier même de se préserver pour un seul objectif : sauver sa petite sœur du pire. Car qui d’autre pour la comprendre ? Qui d’autre pour savoir ? Pour partager les souvenirs des jours heureux auxquels, quoi qu’on fasse, on s’abandonne.

Philippe Besson raconte sans détour la douleur qui fait régresser Léa, l’impuissance de son frère, les petites choses du quotidien qui faisaient se sentir vivants et qui ne donnent plus de couleurs aux joues. Avec ce roman fort et poignant, il nous entraîne dans l’intimité d’une famille apparemment banale, ni pire ni meilleure, et nous incite à nous mettre dans la peau de ceux qui restent, ces orphelins qui doivent survivre, ne pas baisser les bras et qui vont avancer pas à pas et côte à côte sur les chemins, longs et chaotiques, de la résilience.

 

Paris Briançon (Julliard)
Huis clos à bord du mythique train-couchette

Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit n° 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort

Philippe Besson est l’auteur d’une vingtaine de romans, dont Son frère, (adapté au cinéma par Patrice Chéreau), L’Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), « Arrête avec tes mensonges » (prix Maison de la Presse, adapté au cinéma en 2023 par Olivier Peyon), Le Dernier Enfant, Paris-Briançon et Ceci n’est pas un fait divers




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