Eric Fottorino

Des gens sensibles (Gallimard)
« J’avais vingt ans et j’avais écrit le plus beau roman du monde. C’est Clara qui le disait. Je croyais tout ce que disait Clara. » Au début des années 1990 à Paris, Jean Foscolani, dit Fosco, s’apprête à publier son premier roman, Des gens sensibles. Saisie par la force de son texte, l’attachée de presse de la maison d’édition, Clara, remue ciel et terre pour que le talent du jeune auteur soit reconnu. Grâce à elle, Fosco rencontre Saïd, un écrivain algérien adulé dans son pays, qui dénonce les atrocités commises par les fanatiques religieux. La vie de Saïd est en permanence menacée. Pendant quelques mois, avec Clara, ils vont former un trio inséparable uni par un farouche désir de liberté, par l’amour et l’amitié, et surtout par la conviction que la littérature est plus grande que la vie.
À travers ce roman bouleversant, Éric Fottorino offre une plongée incomparable dans l’univers littéraire de la fin du XXe siècle, sur fond de drame algérien et de foi immense dans le pouvoir des mots.
Dictionnaire amoureux du vélo (Plon)
Eric Fottorino conjugue ici ses deux grandes passions : le vélo et l’écriture. Le vélo est un art de vivre qui fédère de très nombreux amoureux tant à la ville qu’à la campagne !
Nostalgie de l’enfance, Tour de France, Panthéon des grands cyclistes : un voyage amoureux, intime, poétique et généreux.
Le vélo est une machine à remonter le temps qui nous ramène vers les berges de l’enfance sitôt enfourché. Suivre une étape du Tour procure la même sensation. On est à la fois maintenant et hier, voire avant-hier. Un coureur d’aujourd’hui, par son allure, sa façon de pédaler, de rouler ou de se mettre en danseuse, nous rappelle d’autres champions du passé. Contador est un précipité de Bahamontes, Quintana nous ramène à Lucho Herrera. Il y a du Thévenet chez Pinot, du Hinault chez Alaphilippe, toutes proportions gardées…
Le vélo est aussi une machine à raccourcir le temps. Faire qu’une heure dure moins d’une heure, et une minute moins de soixante secondes. Le premier à nous avoir enseigné l’art de l’ellipse sur une bécane s’appelait Jacques Anquetil. L’écrivain cycliste Paul Fournel a résumé l’affaire à merveille avec cette fulgurante formule – ou formule 1 : » Anquetil pédalait blond. »
La Pêche du jour (Philippe Rey)
Un texte d’intervention sur la question des migrants, pour réfléchir, pour s’indigner, pour agir.
Deux personnages réunis sur le port de Lesbos, en Grèce, évoquent le destin des migrants. L’un est un étrange pêcheur qui fait commerce de leurs corps sans vie. L’autre un client dont on ne sait s’il veut acheter ces cadavres, ou se racheter.D’emblée s’installent le malaise et le questionnement. Pourquoi ce mélange de cynisme, d’indifférence, d’impuissance ?C’est le miroir de nos renoncements que nous tendent les mots âpres de l’auteur qui se demande si nous avons cessé d’être humains. Au moment où le sort des réfugiés est sans cesse instrumentalisé, où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants meurent de traverser la Méditerranée parce qu’ils veulent simplement vivre, La Pêche du jour est un texte sombre et bouleversant. Pour réfléchir, pour s’indigner, pour agir.
La Pêche du jour (Écoutez lire/Gallimard)
Lu par Lola Blanchard et Jacques Weber
En réponse au drame qui se déroule en Méditerranée, Éric Fottorino compose un conte cruel, fable sombre et magnifique qui éclaire crûment la question migratoire en nous tendant le miroir de nos renoncements, de notre cynisme et de notre indifférence.
Spectacle créé au Théâtre du Rond-Point le 21 janvier 2022 et enregistré chez Moustic Studio le 2 février 2022. Mise en voix : Jean-Michel Ribes.
La voix encolérée de Jacques Weber, en contraste avec la fausse ingénuité de Lola Blanchard, donne toute sa mesure à ce texte puissant.
Mohican (Gallimard)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite et gommer son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs de gigantesques éoliennes. Mo, lui, aime la lenteur des jours, la quiétude des herbages, les horizons préservés. Quand le chantier démarre, un déluge de ferraille et de béton s’abat sur sa ferme. Mo ne supporte pas cette invasion qui défigure les paysages et bouleverse les équilibres entre les hommes, les bêtes et la nature. Dans un Jura rude et majestueux se noue le destin d’une longue lignée de paysans. Aux illusions de la modernité, Mo oppose sa quête d’enracinement. Et l’espoir d’un avenir à visage humain.Avec Mohican, Éric Fottorino mobilise toute la puissance du roman pour brosser le tableau d’un monde qui ne veut pas mourir.
Marina A. (Gallimard)
À l’approche de Noël 2018, le docteur Paul Gachet emmène sa femme et sa fille à la découverte de Florence. Alors qu’il brûle de leur faire découvrir les Botticelli, les charmes de la vieille ville et du fleuve Arno, leur séjour est perturbé par l’apparition d’une performeuse serbe, Marina Abramovic, à travers les rues de la cité jusqu’aux salles du Palazzo Strozzi. Qui est cette femme soudain omniprésente qui bouleverse tous les repères de Paul Gachet et des siens, malmenant son propre corps pour parler à une humanité sourde et défaillante ?
Chirurgien-orthopédiste, Paul Gachet répugne aux mutilations de l’artiste. Mais il est malgré lui envoûté par son univers qui, s’éloignant peu à peu d’une violence gratuite en apparence, exprime une recherche d’harmonie avec l’autre, en particulier avec son compagnon Ulay qu’elle enlace à l’étouffer avant de nouer sa chevelure à la sienne ou d’exposer son cœur à la flèche de son arc.
Deux ans après cette apparition florentine, Paul Gachet tombe par hasard sur une photo ancienne de Marina A et d’Ulay intitulée L’impossible rapprochement. Prise en 1983 à Bangkok, elle montre deux êtres qui voudraient se toucher mais en sont mystérieusement empêchés et doivent rester à distance l’un de l’autre. Alors qu’éclate la pandémie planétaire, Paul Gachet comprend que les manifestations de cet art étaient une forme d’alerte dont il saisit enfin toute l’importance. Une incitation à protéger l’autre, à refonder nos sociétés sur ces deux petits mots : « après vous ».