Oscar Tessonneau

De belles personnes dans un monde de brut (Rightbrain)

En situation de handicap mental, et marginalisé sur un plan scolaire et professionnel, je suis, selon plusieurs logiques, une voix légitime du mouvement woke. Pourtant, ma sortie progressive et lente de la précarité sociale, grâce au magazine que j’ai lancé, montre que j’avais tort. Je refuse d’être assigné à résidence identitaire. Car, comme l’écrit avec justesse le sociologue Yasha Mounk, ce que l’on appelle wokisme est désormais mieux désigné sous le nom de synthèse identitaire. Il s’agit d’une vision du monde où les quatre piliers fondamentaux – race, genre, orientation sexuelle et statut social – sont considérés comme indépassables, constitutifs de l’être, et non plus comme des variables sociales que l’on peut transcender en travaillant dur. Depuis plus d’un an, mon insertion professionnelle a montré le contraire. Le wokisme devient à mes yeux une idéologie pseudo-moderniste, qui prétend déconstruire toutes les formes d’inégalités, mais le fait au prix d’une reconstruction essentialiste du réel. Il cherche à abolir l’héritage du marxisme, à affaiblir l’ancrage du christianisme, à bousculer toutes les normes sexuelles, tout en érigeant un nouveau progressisme politique autoritaire, où la morale supplante le droit du travail que je veux adopter pour permettre aux plus fragiles d’avoir un salaire.

Oscar Tessonneau est le fondateur et rédacteur en chef de la revue Rightbrain, un média innovant et totalement indépendant. Atteint d’une neurodivergence, il est un fervent défenseur de la diversité cognitive.

En parallèle, Tessonneau anime un espace sur le blog de Médiapart, où il propose des billets politiques et des articles d’actualités brûlantes. Sa plume incisive et ses analyses pénétrantes font de lui une voix incontournable pour ceux qui cherchent des perspectives alternatives et critiques sur les événements contemporains.